Un peu de sérieux tout de même !

On vous a bien fait voyager avec les photos de nos week-ends mais retour à la réalité maintenant. On commence doucement à comprendre la vision de la santé en Inde.

Le Royal Hospital :

L’organisation des différents professionnels de santé n’est pas la même qu’en France. Certains soignants n’existent pas ici, comme par exemple les aides soignantes. En effet, c’est à la famille du patient de se charger de la toilette et de l’apport des repas. Il n’y a également pas de pharmacie hospitalière, c’est aux proches d’acheter les médicaments dans des pharmacies (chemistry) extérieures. Les médicaments et les frais d’hospitalisation restent à la charge du patient, certains n’ont donc pas accès aux soins (no money = no treatment), ce qui est difficilement concevable pour nous. Cependant, un remboursement est possible pour les personnes possédant une assurance payante, par l’envoi de tout le dossier médical. Les infirmières en Inde ont des compétences très variées. Cependant, la présence d’autres professionnels soignants ayant des compétences communes amène à une répartition des soins moins définie. Par exemple : les assistants du médecin réalisent pansements, pose de cathéters et aide opératoire, les techniciens de laboratoire sont responsables de la stérilisation du matériel et des examens biologiques. Le cadre infirmier de l’hôpital est également en charge de la retranscription des prescriptions médicales et des feuilles de soins. En effet, le dossier patient est très complet, il rassemble le consentement du patient, les feuilles de surveillance, les prescriptions, les observations médicales, le recueil de données, etc.

Infirmière en tenue de travail (tongs et chaussettes au rdv)

Nous avons pu développer une nouvelle compétence ici : le pliage de compresses !

Nous avons été étonnées par la différence (extrême) de rapidité de consultation des patients. En effet, la population rencontrée chez le médecin généraliste (gratuite) consulte facilement pour maux de tête, de ventre et fatigue, alors que les patients pris en charge au Royal Hospital (pas si royal que ça !) tardent davantage. Par exemple, nous avons assisté à l’accueil d’un patient diabétique, au pied gangréné, qui a du être amputé d’urgence. Plusieurs hypothèses: gratuité, peur de l’hôpital, manque d'information, etc. Nous mènerons l'enquête.

La chirurgie :

On a pu assister à la pose d’un fixateur interne au tibia avec greffe osseuse. Les conditions de stérilité du matériel et d’asepsie étaient similaires à celles que l’on connait en France. Deux d'entre nous présentes dans le bloc, ont vu quelques étoiles à la première incision et sont retournées plier des compresses. Mais entre l’odeur de poulet grillé et le bruit de la perceuse ça se comprend ! Marie s’est sentie pousser des ailes et s’est habillée pour assister le chirurgien.

Le Lab :

Nous sommes retournées au labotory (ou lab pour les intimes !) et nous avons été confrontées au manque de moyens. En effet, plus aucun test de grossesse, ni de groupage ni de bandelettes urinaires n’étaient disponible. On a donc passé la matinée à faire des dosages d’hémoglobine (aïe ça pique !) et à prendre les photos qui vous manquaient tant la dernière fois. Nous avons pu discuter avec des étudiantes infirmières indiennes, qui nous expliquaient que leurs études se déroulaient en 4 ans et que la dernière année était consacrée à la recherche.

Le lab

Le container à aiguille électrique

Groupage sanguin

Test d'hémoglobine et le fameux haricot

Recueil d'urine (bon courage pour viser !)

Bilans sanguins en attente ...

Les étudiantes infirmières et la technicienne de laboratoire

Enseignement clinique: formatrice d'une école indienne ! On y échappera donc pas ;)

Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, le tri des déchets est bien développé

Lady doctor :

On a toutes pu assister (et participer !) à des accouchements, dans des conditions similaires à celui détaillé précédemment (article « hôpitaux indiens : nos premières angoisses »). Bilan des impressions personnelles :

Ana : naissance chargée d’émotion - peu de contact mère-enfant - famille très présente.

Lucile : participation intensive - réanimation "indienne": claques - émouvant ^^

Flo : bébé mort ? - frayeur - joie

Elsa : boucherie – douleur – longueur

Marie : douleur – manque de tendresse – encouragement « sauvage ».

On vous laisse deviner qui refuse d’y retourner ;) !

Les mères retournent chez elles seulement après une surveillance de 10h. Le prénom du bébé ne sera choisi que 13 jours suivant l'accouchement.

Après avoir vu plusieurs avortements sans prise en charge de la douleur et l'absence de suivi (encore moins que les autres patientes), nous nous sommes demandées quel était le point de vue des Indiens sur le sujet. « Etant donné l’inexistence de moyens de contraception, l’avortement est très courant » nous explique la Lady doctor. Bref, c’est un acte totalement banalisé. Il peut se faire jusqu’aux alentours des 4 mois de grossesse, au-delà cela devient techniquement plus difficile.

Salle de consultation de gynécologie

Chambre de travail avant l'accouchement

Bloc accouchement

Petit laboratoire + plan de travail pour la préparation de thé (dégusté lors de nos journées de stage..)

Gynécologue

Ces différentes expériences nous permettent d'identifier les besoins spécifiques de chaque lieu de stage. Nous pourrons en fonction, acheter le matériel et les thérapeutiques nécessaires à la prise en charge de la population.

Comments

[Mme C]

Merci pour ces réflexions professionnelles pertinentes
Certains intitulés frisent le titre d'APP......oui oui je sens que ça vous manque !!
Bravo continuez à nous régalez de vos lectures et de vos photos. A quand l’enseignement clinique par les CSF de la Croix-rouge !!

[FabCall]

C'est vraiment intéressant, continuez les filles...