De nombreuses questions ont émané de notre séjour en Inde. La culture indienne très complexe nous a donné du fil à retordre. On a attendu la fin pour être au plus près de la réalité (enfin, on croit !): pas toujours facile de s'y retrouver tant les versions diffèrent d’un interlocuteur à l’autre (de la recette des chapatis aux directions pour trouver les monuments, de la culture aux prix...). Mais comme on est coriaces, on a persévéré, trié les informations et surtout choisi nos versions préférées !

1 - Les castes:

Cette question continue de nous tarauder. On en avait beaucoup entendu parler avant de partir, mais une fois sur place, impossible de les différencier ni même de les percevoir. On en a donc discuté avec plusieurs personnes issues de castes différentes, des intouchables aux Brahmanes, pour se faire une idée. Voici donc ce qu’on en a retenu. L’appartenance à une caste a été définie il y a très longtemps (impossible de savoir quand précisément) en fonction du métier exercé auprès du Maharajah. Par exemple, les guerriers, caste la plus haute sont des Rajput, les prêtes sont Brahmanes, les hommes d’entretiens sont Intouchables. On appartient donc à une caste par héritage du père de famille, peu importe que l’on change de métier par la suite. De nos jours, à moins de connaître la caste d’une personne par bouche à oreille, il est quasiment impossible de la déduire par l’apparence alors qu’auparavant on pouvait deviner la caste de l’autre par ses bijoux, la couleur du turban. Dans les grandes villes, les castes tendent à disparaître alors que dans les villages, ce système reste très présent (en lien avec l’accès à l’éducation?), avec les traditions qu’il impose. Par exemple, un Intouchable ne peut entrer dans la cuisine d’un Brahmane, considérée comme pure. Les discriminations entre castes sont sévèrement condamnées par la législation depuis l’Indépendance de l’Inde. L’état indien a notamment mis en place des quotas dans les plus grandes universités et administrations pour lutter contre ces injustices.

2 - Les mariages arrangés

Tout d’abord, ici, arrangé ne signifie pas obligatoirement forcé. Une fois cette nuance perçue, on a eu un peu moins de difficultés à comprendre ce fonctionnement. Les jeunes filles sont souvent mariées à 16-17 ans dans les campagnes ou zones défavorisées sous une forte pression familiale. Les parents des enfants à marier choisissent le plus souvent le potentiel conjoint lors des mariages (qui rassemblent plusieurs centaines de convives). Il faut savoir qu’en Inde, ce n’est pas le mariage de 2 personnes mais de 2 familles ! Hormis l’appartenance à la même caste, on n’a pas vraiment éclairci les critères orientant le choix des parents : bonne famille, études, etc. Les mariages "d’amour" existent à raison de moins de 15% selon Amalul Haque, ingénieur rencontré dans l’avion (tous les chiffres vous l’aurez compris, sont à vérifier !), mais doivent être validés par les parents.

La tradition veut que les époux ne se rencontrent que le 1er jour des noces qui s’étalent sur 3 jours, au terme desquels la femme quitte son foyer natal pour celui de la famille de son mari. Nous n'avons malheureusement pas eu la chance d’assister à un mariage et découvrir ainsi le cérémonial. Alors qu’il est courant ici d'être convié au vu du nombre d’invités.

Cependant de nos jours, les mentalités évoluent : les mariages entre différentes castes sont envisageables (de nombreuses personnes sont pour l’abolition de ces barrières), ainsi que les mariages d’amour, tout du moins dans les villes et avec les populations les plus instruites. Néanmoins, les avis ne sont pas si critiques au sujet du mariage arrangé, y compris chez les jeunes. Certains évoquent la difficulté de rencontrer une bonne personne, le choix des parents qui peut correspondre à leurs attentes, etc. Nombreux sont ceux qui évoquent les mariages réussis. On a quand même pu voir, à l’occasion de consultations chez la gynécologue par exemple, l’absence de partage de certains couples : aucun gestes, regards, attentions l’un envers l’autre. Cela nous a d’ailleurs interpelé. Un médecin nous confiera aussi ne pas aimer sa femme, n’avoir aucune attirance envers elle et ce, dès leur rencontre le jour du mariage, mais être content que sa famille s’entende bien malgré tout et que ses enfants réussissent. Il nous parlera même des compromis du couple à propos des relations sexuelles, uniquement destinées à avoir leurs deux enfants...

3 - La dot et la condition des femmes en Inde

Bien qu’interdite depuis 1961, les familles de l’épouse ont coutume d’offrir des cadeaux à la famille du mari, ce qui est en soit une dot déguisée. Avant, elle pouvait être très importante, en fonction des moyens de la famille. Cette dot est encore aujourd'hui une source de difficultés pour les familles indiennes. Et la triste vérité de la sélection des enfants par le sexe reste une réalité de nos jours. Le manque de jeunes filles posent problèmes dans certaines régions: il manque en Inde 60 millions de femmes, alors que l’égalité des sexes est inscrite dans la constitution indienne ! On ne s’en est pas trop rendu compte, mais pour prévenir ce fléau, en ville en tous cas, les gynécologues ont interdiction de divulguer ou montrer le sexe de l’enfant lors des échographies pour éviter les avortements précoces et sélectifs. Après la naissance, on ne connait pas l’incidence des infanticides. Difficile à croire pour les occidentales que nous sommes ! Hormis la dot, élever une fille est un coût pour la famille car elle n’apportera rien une fois mariée puisqu’elle quitte son foyer pour celui de son époux.

Néanmoins, une évolution des mentalités est en cours, surtout en ville et avec l’accès à l’éducation de ces dernières. Là encore, on retrouve les "2 Inde" avec des femmes libres, instruites et indépendantes que nous avons principalement croisées dans les grandes villes, et les femmes au foyer que l’on croise beaucoup plus rarement à l’extérieur de leur maison, dont les occupations quotidiennes sont l’entretien du foyer, nourrir la famille, s’occuper des enfants en bas âge.

Les discriminations les plus importantes vis à vis des femmes se trouvent essentiellement au Rajasthan et Uttar Pradesh.

4 - Les religions

L’Inde est un mélange de religions, lié entre autres aux influences historiques : hindous, musulmans, sikhs, chrétiens se côtoient au quotidien. On retrouve ainsi de nombreux temples, mosquées, églises. C’est d’ailleurs une joyeuse symphonie à la tombée de la nuit quand le muezzin appelle à la prière de sa mosquée, les hindous sonnent leurs cloches entre de longues tirades de "Brahm Brahm Brahm"!

L’hindouisme est la religion prédominante et la plus ancienne en Inde. Ses fidèles vénèrent de multitudes dieux aux apparences différentes. Impossible de passer à côté ! En effet, on n’entre pas dans une voiture sans voir un autocollant, une statuette à l’effigie d’un dieu; toutes les maisons abritent des lieux de recueillement, les commerçants, conducteurs bénissent l’argent qu’ils reçoivent; pas un quartier sans ses temples...

L’hindouisme repose sur 2 grands principes (dans les graaaandes lignes):

- la Vérité qui ne doit jamais être trahie. Tout événement indésirable viendrait d’une faute commise et mettant en péril les équilibres traditionnels.

– l’Homme est fait d’un corps transitoire et périssable mais l’âme, elle, est éternelle. Ils croient ainsi à la réincarnation même s’il n’est pas bon de se réincarner car la vie n’apporte que malheur (cf article Varanasi et ses crémations). Merci le routard pour ces infos fiables !!

La sacralisation a également une place importante dans la religion Hindou : la vache est sacrée car comme mère nourricière de l’Inde; le Gange, mère du peuple...

On a cependant été surprises, voir choquées de certains propos d’hindous tenus devant nous au sujet des musulmans (on ne généralise absolument pas, nous faisons juste part de notre vécu par rapport à certains propos). À les voir évoluer tous ensemble, nous étions loin de nous imaginer qu’il puisse y avoir des discriminations, voir du racisme.

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